Des séances de cinéma ... à domicile

27 avril 2020 à 8h44 par Dolorès CHARLES

Ils font partie des plus impactés, économiquement, par la crise du coronavirus : les cinémas sont fermés depuis de longues semaines, et s'inquiètent pour leur avenir, mais certains innovent en proposant des séances virtuelles. Reportage de Yann Launay.

HIT WEST
Le cinéma d'Auray Ti Hanok
Crédit : Yann Launay pour Hit West

Dans l'Ouest, quelques salles de cinéma tentent de maintenir une activité : non pas en ouvrant au public, mais en proposant des séances de "e-cinéma", des séances virtuelles à domicile. Des séances en vidéo à la demande, proposées aux spectateurs résidant à quelques dizaines de kilomètres autour du cinéma. Une séance qui démarre à la même heure pour tout le monde. Le dispositif est mis en oeuvre par exemple par le cinéma Ti Hanok, à Auray, à travers la plateforme "La 25ème heure". Les explications de Sylvain Lecointre, directeur du cinéma Ti Hanok au micro de Yann Launay.

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"On essaye de recréer les conditions d'une séance de ciné : vous avez l'impossibilité de mettre le film sur pause, et l'intérêt majeur, c'est que la séance que l'on a organisée la semaine dernière était suivie d'un échange avec le réalisateur, qui répondait en visioconférence aux questions du public..."

Pour sa première séance virtuelle, il y a une semaine, Ti Hanok a fédéré autour de 70 spectateurs. Mais à 6 euros la séance par foyer, l'intérêt n'est évidemment pas financier :

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"Sur les 6 euros, un euro revient au réalisateur qui prend de son temps pour intervenir à l'issue de la séance, 2,50 euros pour le distributeur qui met le film à disposition, et 2,50 euros pour nous, pour l'exploitant. Si l'on fait cela, c'est vraiment pour garder lien avec le public, montrer que l'on est toujours là. On est conscient que cela peut être considéré comme de la concurrence, mais dans le contexte actuel, nous voyons cela comme une possibilité de continuer à diffuser du contenu d'une façon alternative..."

Un manque à gagner inévitable

Le nombre de séances et de films restent limité, il s'agit de mettre en valeur le plus souvent des documentaires sur des faits de société, suivis d'un échange avec le réalisateur. Et si ce système permet aux salles de maintenir le contact avec leurs spectateurs, il ne compensera pas, loin s'en faut, le manque à gagner. Ti Hanok par exemple, fermé depuis le 02 mars, perd 100 000 euros de chiffre d'affaires par mois, et compte sur une réouverture la plus proche possible :

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"On imagine une reprise sur l'été, en tous cas on l'espère... Certainement avec des conditions restrictives en termes d'accueil du public. Reste l'incertitude quant au comportement des spectateurs... Et une dernière incertitude et pas des moindres : quelle offre de films à disposition à la reprise ? Beaucoup de distributeurs ont décalé leurs sorties majeures, pour éviter de se retrouver avec des salles à moitié remplies... L'été va certainement être compliqué. Nous notre souhait c'est d'être présents, quels que soient les films à l'affiche, quelles que soient les conditions d'accueil, on s'y conformera, quoi qu'il arrive..."

C'est 6 euros la séance de e-cinéma, pour les spectateurs situés dans un rayon de 50 kilomètres autour du cinéma Ti Hanok d'Auray. Prochaine séance ce lundi soir à 20h15, avec la diffusion du documentaire "Les équilibristes", de Perrine Michel, suivi d'un débat avec la réalisatrice. Quatre autres films sont programmés d'ici le 9 mai.

Si vous ne résidez pas dans le pays d'Auray, sachez que d'autres salles de l'Ouest mettent en place des séances virtuelles : pour les connaître, rendez-vous sur le site de la 25ème heure : www.25eheure.com