Des psychomotriciens craignent l’impact du masque sur les plus jeunes

2 décembre 2020 à 10h02 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h34 par Emilie PLANTARD

HIT WEST
Crédit : @Hit West

Un collectif de parents s'est monté en Loire-Atlantique pour dénoncer les conséquences du port du masque sur les élèves à partir de 6 ans. Des professionnels se sont joints à eux, dont 2 psychomotriciennes qui craignent des conséquences à long terme.

Audrey est psychomotricienne en Loire-Atlantique. Elle tient à garder son anonymat mais elle est certaine que le port du masque imposé aux enfants à l’école à partir de 6 ans aura des conséquences sur leur développement psychologiques et psychomoteur, notamment car l’école est un lieu de vie important et que le masque vient perturber cette vie.

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"L’école c’est un lieu d’apprentissage, on apprend les règles... Et on apprend plein de choses. C’est aussi un lieu où les enfants vont vivre de nouvelles expériences, il va y avoir du lâcher-prise, de la spontanéité… Et les conditions où on propose l’école à l’enfant vont perturber une partie de toutes ces expériences qui sont censées être positives. Déjà au niveau du vécu à l’école, tout ça va être un peu perturbé."

Le masque, un cache émotions

Les impacts peuvent être nombreux mais sans recul, il est difficile de les évaluer précisément. A cet âge par exemple, les émotions des enfants peuvent être devinées par les professeurs en les observant. Difficile cependant quand le visage est à moitié dissimulé derrière un masque.

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"Une partie des émotions peuvent s’exprimer par le regard mais il y a plusieurs états émotionnels comme l’état de gêne ou de honte qui ne peuvent pas se lire dans un regard. Du coup on se demande dans quelle mesure un professeur peut se rendre compte que ses élèves sont bien, s’ils ont compris les consignes… Et le bien-être de l’enfant peut en pâtir."

Un fossé peut se creuser...

Les apprentissages peuvent également être plus difficiles, notamment chez certains enfants connaissant déjà des difficultés. Le port du masque peut alors les éloigner et creuser les différences entre les élèves.

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"Nous en psychomotricité, pour les enfants qui ont des troubles de l’apprentissage, on propose aux instituteurs d’éloigner les enfants de toutes les stimulations qui pourraient perturber les apprentissages, notamment les mettre devant en classe, de ne pas les mettre à côté à côté de la fenêtre… Et le masque va générer tous ces parasites à l’attention. Et on pense que les différences entre les enfants qui n’ont aucune difficulté et ceux qui rencontrent des difficultés risquent de se creuser."

Et une fatigue s'intensifier

La fatigue est également montrée du doigt. Cette nécessaire adaptation peut être une source supplémentaire de fatigue et pénaliser les plus fragiles.

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"Il y a beaucoup de parents qui nous disent que leurs enfants sont plus fatigués donc nous on verrait un lien direct avec le masque et on s’est demandé si le fait de prendre sur eux toute la journée, d’essayer d’appréhender ce masque, le fait de devoir s’habituer à un inconfort parce que ça gratte, ça tient chaud, quand ils vont repartir de l’école ils vont vivre une espèce de tempête émotionnelle et tout ça va demander beaucoup d’énergie et susciter une fatigue à la fin de la journée."

Partout, les enfants s'adaptent comme ils peuvent

C’est vrai que les enfants ont une capacité d’adaptation remarquable et ont souvent tendance à s’habituer aux contraintes sans trop faire de difficultés… Du moins en apparence.

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"On pense que tout ce qui est du domaine médical a certainement été réfléchi, ça, ce n’est pas notre domaine. Mais sur tout ce qui est psychologique et bien-être, ça pose des questions. On dit souvent que les enfants s’adaptent à tout, mais ils s’adaptent même à être battus. Donc ce n’est pas un très bon argument, parce que même s’ils s’adaptent sur le moment, on ne peut pas ignorer que ça va forcément laisser des traces."

Des collectifs de parents s’organisent un peu partout pour s’opposer au port du masque pour les plus jeunes. A Montbert, Aurore est la maman d'un petit garçon dysphasique de 8 ans. Elle tente de s'organiser pour faire porter des masques inclusifs (transparents) aux professeurs et aux élèves, afin que son fils puisse suivre les cours. En vain pour l'instant. Si vous pensez pouvoir lui venir en aide, contactez Julie, julie@hitwest.com.