Brexit : c'est le D Day pour les Britanniques de l'Ouest !

31 janvier 2020 à 7h21 par Alexandra BRUNOIS

Cette fois, nous y sommes : le Royaume-Uni quitte l'Union européenne. Le Brexit, c'est pour ce vendredi, minuit... Mais en fait rien n'est réglé... C'est une période de transition d'au moins un an qui va s'ouvrir, le temps de définir les nouvelles relations entre le Royaume-uni et les pays de l'Union européenne. Reportage de Yann Launay auprès des Britanniques de l'Ouest.

HIT WEST
Kate Husband et sa nouvelle carte d'identité française
Crédit : Yann Launay

Pour les Britanniques installés dans l'Ouest de la France, l'inquiétude persiste... Les conséquences concrètes du Brexit restent floues, comme l'explique Sue Taylor, installée avec son mari David au Cambout, en Centre-Bretagne dans les Côtes d'Armor depuis plus de 15 ans

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"J'ai demandé tout de suite une carte de séjour au cas où... Mais je pense qu'il va falloir après le Brexit une autre carte, une carte de résident... Pour le permis de conduire, c'est compliqué : j'ai demandé un permis français, mais cela a été refusé... parce que mon permis était un permis européen... Alors que d'autres ont réussi à changer leur permis... On est perdu entre les deux systèmes, britannique et français..."

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Sue et David Taylor

La prise en charge des frais de santé est une des principales préoccupations de ces Britanniques qui vivent en France. Kate Husband et son mari Geoff sont installés et travaillent en Bretagne depuis plus de 30 ans. Ils résident à Plélauff, dans les Côtes d'Armor, et gèrent notamment le camping de la commune voisine de Gouarec. C'est surtout pour ses parents que Kate se fait du souci

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"Mes parents vivent dans une commune à côté, ici en centre-Bretagne. Ils ont des problèmes de santé, ils ont eu des interventions ici en France, remboursées en Angleterre, parce qu'il y a un accord pour tous les Européens. Est-ce que cela va continuer ? Personne ne sait s'ils vont pouvoir continuer à être soignés ici en France..."

LE BREXIT ET SES CONSEQUENCES SUR LE DROIT DE VOTE

Une conséquence directe et rapide du Brexit : les Britanniques installés en France désormais ne pourront plus voter dans leur pays d'adoption. Depuis 1992 et le traité de Maastricht, ils avaient la possibilité, comme tout ressortissant européen, de participer aux élections municipales et européennes. Alors qu'approchent les municipales, ce sont donc des milliers d'électeurs qui ne pourront pas se rendre aux urnes, dans 6 semaines... Et certains d'entre eux désormais ne pourront plus voter nulle part. C'est le cas pour Geoff, le mari de Kate

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"Je n'ai pas le droit de voter en Angleterre, parce qu'après 15 ans parti, on perd le droit de voter... En France, j'avais le droit de voter aux municipales et aux européennes, mais en fin de semaine je perds ce droit... Je paye mes impôts en France depuis 30 ans maintenant, mais je n'ai pas le droit de voter..."

Geoff a demandé la nationalité française, mais la procédure est longue et il attend toujours la réponse...

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Kate et Geoff Husband

Avec le Brexit, les Britanniques perdent leur droit de voter aux élections municipales, et perdent le droit d'être élus : dans toute la France, environ 800 conseillers municipaux sont originaires du Royaume-uni. Ils seraient une quarantaine en Bretagne. C'est le cas de Sue Taylor, au Cambout, qui achève son mandat la mort dans l'âme, elle qui aurait souhaité poursuivre l'aventure

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"C'était important pour mon mari et moi d'être bien intégrés dans la vie en France. Tous les gens au Cambout ont été gentils avec nous.. Ils ont voté pour moi... J'ai appris beaucoup de choses, j'espère avoir apporté aussi... C'était intéressant et important pour moi d'être conseillère municipale, mais c'est fini..."

Kate Husband elle aussi est conseillère municipale, depuis deux mandats, à Plélauff. Mais ayant demandé et obtenu la nationalité française, Kate peut se présenter sur la liste du maire sortant pour un troisième mandat. D'ailleurs, le droit de vote et le droit de s'impliquer dans la gestion de sa commune étaient les premières motivations de Kate pour demander la nationalité française

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"Je me sens toujours anglaise, je ne me sens pas vraiment française... Je me sens Plélauffienne, je suis du Kreiz Breizh, ce petit pays que j'adore... Etre française, c'était vraiment pour des raisons de démocratie : je crois qu'on aurait dû avoir le droit de vote en France dès que l'on a eu notre résidence principale et notre entreprise ici..."

UN OUF DE SOULAGEMENT APRES 3 ANS

Ces Britanniques installés en France étaient très majoritairement opposés au Brexit, mais ils ont maintenant hâte que tous les détails soient définitivement réglés, pour que prenne fin cette angoisse qui dure depuis plus de 3 ans

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"C'est stressant, c'est fatigant... On a eu des moments de grande inquiétude : on ne savait pas si on allait rester en France ou retourner en Angleterre... Mais maintenant, c'est fait : il faut vivre avec, il faut faire le mieux possible... on va rester ici, notre vie est ici."