Arts de la table : des coquilles recyclées en objets uniques

8 janvier 2021 à 11h31 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h34 par Dolorès CHARLES

HIT WEST
Crédit : malakio.com

Les fêtes sont finies, que faire des coquilles d'huitres ou de moules ? Dans le Finistère, deux jeunes garçons ont eu une idée : les transformer en dessous de plat ou en pot. Reportage de Yann Launay.

Vous êtes ostréicuteur, ou un particulier amateur d'huîtres ou de moules : ne jetez plus les coquilles... Morgan et Hugo ont la solution : ces deux jeunes Finistériens les transforment en dessous de plat ou en pot... Le recyclage de coquilles existait déjà, mais Morgan et Hugo souhaitaient que les matières premières puissent rester visibles dans le produit fini. Ils ont mis au point leur propre technique, leur propre matériau, dans leur atelier d'Irvillac, près de Brest. Tout a démarré il y a un an : après avoir travaillé chez un ostréiculteur de Noirmoutier, Morgan, designer de formation, est rentré dans le Finistère avec des coquilles et la volonté de leur donner une nouvelle vie. Avec Hugo, son ami d'enfance diplômé en commerce international, Morgan a multiplié les expériences :

Écouter le podcast

"Les premiers essais se sont passés pendant le confinement, en mars. J'ai commencé dans le garage des parents, à recycler une douzaine d'huîtres cassées au marteau, j'ai utilisé de la résine, dans différents moules, et très vite je me suis rendu compte qu'il y avait vraiment un potentiel. On a passé 8 mois, avec Hugo, à chercher des matériaux, à faire des tests, vérifier en fonction de la chaleur, l'étanchéité, le résultat esthétique, et voilà..."

PLANCHE_720x.jpg (60 KB)

Le résultat : une matière compacte mais qui laisse apparaître les fragments de coquilles, une matière avec laquelle Morgan et Hugo fabriquent des dessous de plat, des pots, des planchettes pour l'apéritif. Des objets moulés, comme on le ferait avec du plâtre : explication de la méthode avec Morgan :

Écouter le podcast

"On fait nos moules nous-mêmes, et dedans on va venir mélanger notre matrice : la poudre et le liquide (d'origine minérale, sans produit chimique) et ensuite il y a seulement les fragments de coquillages. C'est un séchage à l'air libre, sans four, et le peu d'énergie qui va être utilisée, ce sera au niveau du ponçage, pour faire ressortir la couleur, la nacre du coquillage..."

Des pièces uniques, créées à la main

Les coquilles d'huîtres, de moules, de Saint-Jacques, de bigorneaux sont utilisées seules ou en mélange. Les objets, des pièces uniques créées à la main, sont commercialisés entre 25 et 40 euros. Pour Morgan, le matériau développé, entièrement d'origine naturelle, présente de nombreux avantages : exemple avec la planchette pour l'apéritif, un des premiers objets commercialisés par le duo :

Écouter le podcast

"Elle va durer dans le temps, elle va avoir un aspect esthétique très travaillé, elle va résister à la chaleur et à l'eau. Si on y va au couteau à pain dessus, il peut y avoir une trace, mais ce n'est pas un souci de venir poncer au papier de verre, en 10 secondes la trace a disparu... On peut récupérer l'aspect de base très simplement..."

Une première gamme en vente sur Internet

Le duo n'a pas attendu pour lancer son entreprise, baptisée "Malakio" (mollusque, en grec) et créer un site internet pour commercialiser une première gamme d'objets. Une rapidité liée au contexte sanitaire, comme l'explique Hugo :

Écouter le podcast

"ça nous a un peu poussé à développer ce projet : Morgan avait fini ses études depuis un an, moi quand j'ai fini mes études, je savais que j'aurais eu du mal à trouver un poste dans le commerce international, c'est un peu compliqué dans le moment... C'était plus propice de se lancer sur ce projet... Le déclic est apparu à la fin de ce premier confinement..."

POT_1_720x.jpg (42 KB)

De nouvelles gammes d'objets pensées

Morgan et Hugo travaillent à de nouvelles gammes d'objets, et se tournent vers d'autres univers, vers la décoration architecturale, vers le mobilier. Pour Hugo, les possibilités sont immenses :

Écouter le podcast

"Toutes les semaines, on a de nouvelles propositions de projets... Une gamme de salle de bain, une gamme de mobilier, nous réfléchissons à une gamme de carreaux de carrelage, des vasques... Les idées fourmillent... Il reste à voir ce qui est faisable, mais il y a de quoi faire..."

En tous cas, la première gamme, dédiée aux arts de la table, fonctionne : un restaurateur japonais vient même de leur passer commande. Hugo et Morgan envisagent de créer un premier emploi dans les mois qui viennent. Vous retrouverez leurs créations sur leur site : malakio.com