Affaire criminelle : des experts à Nantes

29 avril 2019 à 14h53 par Dolorès CHARLES

Focus ce soir sur le laboratoire IGNA qui aide à la résolution d'affaires criminelles, comme celle d'Orvault. Une reconstitution du drame doit par ailleurs se tenir ce soir dans ce pavillon où 4 membres de la famille Troadec sont décédés.

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Crédit : Pixabay

Vous connaissez les experts à la télévision ? Ils sont aussi à Nantes ! Le laboratoire de l’Institut Génétique Nantes Atlantique effectue des analyses à la demande des parquets de toute la France. L’affaire Grégory, le quadruple meurtre de la famille Troadec, dont une reconstitution du drame décisive doit avoir lieu ce soir dans le pavillon d’Orvault, mais aussi l’affaire sur la petite martyre de l’A10…

Depuis 15 ans, ce laboratoire est devenu un des précurseurs de l’analyse génétique médico-légale en France. Il compte désormais une cinquantaine de collaborateurs et sa mission est donc de travailler avec les enquêteurs sur des affaires judiciaires... Empreintes génétiques, digitales, traces de sang, informatique, téléphonie, GPS, écriture…

Marie-Gaëlle Le Pajolec experte en empreinte génétique et co-directrice de l’institut, répond à Emilie Plantard.

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« Bien sûr il y a une collaboration, on nous appelle pour demander ce qu’il est possible de faire ou échanger sur le dossier ou on les appelle si on a des questions à poser sur des scellés, sur les endroits où il faut faire les prélèvements… Si on nous donne le pull d’une victime agressée, nous il faut qu’on sache comment elle a été agressée, si elle a été attrapée par le col, par le bras… Si non ne sait pas , on ne saura pas aller effectuer des prélèvements. »

La principale activité de l’institut réside dans l’analyse des empreintes génétiques. L’ADN est un principe d’identification particulièrement fiable. Il est devenu au fil du temps un outil indispensable pour identifier des personnes, notamment grâce au FNAEG, le Fichier National Automatisé des empreintes Génétiques. Et la science progresse toujours !

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« En tant que telle l’ADN ne donne pas d’information, elle ne donne d’information que lorsqu’elle est comparée au fichier et qu’elle matche. Ou lorsqu’on nous apporte un prélèvement de comparaison. Là on pourra donner un nom à un ADN trouvé sur une scène de crime. Toute seule, elle n’apporte rien. Mais on peut, en analysant d’autres régions de l’ADN, donner d’autres informations, notamment l’apparence, ce qui ne sert à rien dans l’absolu. Qui va juste dire que la personne dont provient l’ADN a 90% de chances d’être blond aux yeux bleus. »

Des avancées au fil des ans

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«A IGNA on a détourné quelque peu cette technique des empreintes génétiques et de l’analyse de l’ ADN à l’analyse de l’ADN des bactéries qui est présent dans les échantillons qu’on analyse. Quand on fait un prélèvement on prélève aussi des bactéries et ça peut donner des informations sur l’utilisation de l’objet. Dans des cas d’agression sexuelle par exemple, on va pouvoir retrouver des bactéries de la flore vaginale, de la flore buccale ou anale sur cet objet et on va pouvoir prouver qu’un objet a servi à violer une victime par exemple. »

La fiction "plus sexy" que la réalité !

Comme à la télévision, les experts sont des personnages clé puisqu’ils apportent des éléments de réponse parfois déterminants au cours des enquêtes criminelles. Même si la fiction est légèrement plus sexy que la réalité…

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« C’est toujours de l’ultra condensé. La personne qu’on voit à l’écran elle fait à la fois le travail de la personne qui est sur la scène de crime et qui fait le prélèvement, elle fait le travail du technicien qui analyse le prélèvement, le travail de l’expert qui interprète le résultat. En une personne, est résumé le travail de toute une chaîne d’individus qui travaillent de façon dépendante les uns des autres. Il y a des choses bluffantes mais c’est toujours du raccourci, du condensé. »

L’IGNA reste très discret quant aux affaires sur lesquelles il travaille. Récemment, le laboratoire a aidé à la résolution de l'affaire portant sur l’assassinat de la famille Troadec.

Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte... quatre membres d'une même famille assassinés il y a deux ans en février 2017, par le meurtrier présumé, le beau-frère, Hubert Caouissin. Dans sa ferme du Finistère à Pont de Buis, les récentes fouilles pour retrouver les corps n'ont rien donné. L'accusé doit être présent ce soir à la reconstitution menée dans le pavillon d'Orvault, au nord de Nantes. Son procès ne se tiendra pas, a priori, avant 2020.