Accident de ST Médard : 1er jour du procès

16 avril 2018 à 15h09 par Katell LAGRE

HIT WEST

C'était le 12 octobre 2011, à Saint Médard sur Ille.

Le TER Rennes -St Malo percutait un poids lourd engagé sur un passage à niveau. Un accident qui a fait 3 morts et 150 blessés. Sept ans après, le procès s'est ouvert aujourd'hui au tribunal correctionnel de Rennes. Parmi les prévenus : le conducteur du poids lourd, qui n'avait été que légèrement blessé dans l'accident. Agé de 41 ans, il est poursuivi pour avoir engagé son camion sur les voies alors que les alarmes sonores et lumineuses s'étaient déclenchées.

Mais ce n'est pas le seul prévenu : SNCF Réseau et SNCF Mobilités sont aussi poursuivis pour homicide involontaire. Ce passage à niveau de Saint Médard était particulièrement dangereux : en 2007 déjà, un TER avait percuté un poids lourd, dans des circonstances similaires, faisant plusieurs dizaines de blessés. D'ailleurs certaines victimes ont vécu les 2 accidents, de 2007 et 2011.

Les victimes veulent comprendre, veulent que toutes les responsabilités soient établies, et souhaitent que la sécurité soit enfin garantie pour tous les passages à niveau. Pour le président de l'association des victimes de l'accident (Solidarité St Médard PN 11), la France doit combler son retard dans ce domaine. Lionel Labourdette :

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"Nous sommes convaincus qu'il y a des solutions simples, efficaces, pratiques à mettre en oeuvre, qui permettraient de réduire le risque. Il y a des dispositifs déployés au Japon et dans d'autres pays, comme le détecteur de présence : en France on est à peine an train de se poser la question de mettre en place ce genre de système, 15 ans après la bataille..."

La part de responsabilité de la SNCF est au coeur des enjeux du procès. Pour les avocats de SNCF Réseau et SNCF Mobilités, l'entière responsabilité de l'accident repose sur le conducteur du poids lourd. Pourtant, après l'accident similaire de 2007, le Bureau Enquête accident avait recommandé des aménagements du passage à niveau, pour plus de sécurité. Des aménagements qui n'avaient pas tous été réalisés en 2011. Mais pour maître Thierry Dalmasso, avocat de SNCF Réseau, on oublie trop facilement les autres acteurs, comme le Conseil général d'Ille & Vilaine, en charge de la voirie :

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"Des aménagements ont été faits, comme doubler les signaux lumineux, quant à l'élargissement du passage à niveau, et l'élargissement de la voirie, c'est un travail de longue haleine, et on nous poursuit pour n'avoir pas pris une décision que nous n'étions pas seuls à pouvoir prendre, et c'est là que je fais intervenir le Conseil général 35. Quand la décision est collégiale, je ne peux pas être poursuivi parce que cette décision n'a pas été prise.."

Un argument qui ne tient pas pour Maître Catherine Glon, avocate de plusieurs victimes :

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"Il y a eu plusieurs accidents avant sur le même passage à niveau, on savait bien que ce passage était difficile, qu'il y avait énormément de circulation avec des poids lourds, que s'est-il passé ? Mettre cela sur le dos du Conseil général, je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure des méthodes. Il ne faut pas que l'on se noie dans une telle complexité que l'on en oublie des évidences, comme le fait que la sécuritré, c'est le devoir de la SNCF, en toutes circonstances.."

A l'époque de l'accident, le passage à niveau de Saint Médard n'était pas classé parmi les plus dangereux. Mais pour Philippe Valent, avocat de SNCF Mobilités, son client n'est pas en cause :

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"SNCF Mobilités n'est pas en charge de la réglementation, il y a des autorités de tutelle, c'est l'Etat qui est en charge du classement de ces passages à niveau et de la création des critères en vue du classement. Et malheureusement, les critères prévus ne permettaient pas au moment de l'accident de Saint Médard, que ce passage à niveau soit déjà classé préoccupant.."

Le procès doit se poursuivre jusqu'à vendredi, au tribunal correctionnel de Rennes. A Saint Médard, la construction d'un viaduc a démarré, pour enjamber la voie ferrée. Il devrait être achevé au printemps 2019.

Reportage de Yann Launay.