A Rennes, la fusion de PSA rassure autant qu'elle inquiète

6 janvier 2021 à 11h26 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h34 par Emilie PLANTARD

HIT WEST
Crédit : @PSA RENNES LA JANAIS/FACEBOOK

C'est désormais certain, le groupe automobile PSA va fusionner avec l'italien FCA (Fiat) pour créer un nouveau géant de l'automobile : Stellantis. Un mariage inévitable, pour le syndicat CFDT du site de Rennes-La Janais, mais qui comporte des risques.

C’est une méga-fusion. Le groupe français PSA vient de concrétiser son projet de devenir un géant de l’automobile, en s’alliant au groupe italien FCA. Stellantis peut ainsi rivaliser avec les plus grands, en réunissant 14 marques et comptabilisant plus de 8 millions de véhicules produits par an. A Rennes, où le site de la Janais emploie plus de 2800 salariés, cette étape était attendue. Christine Virassamy est déléguée syndicale centrale CFDT PSA à Rennes :

Écouter le podcast
"Il faut reconnaître qu’une association avec un autre concurrent était inévitable et souhaitable parce que, avec ou sans crise Covid, les évolutions de l’industrie automobile sont tellement importantes dans les années à venir, la concurrence est tellement forte, qu’il était important de franchir ce pas et d’acquérir une taille conséquente, plus protectrice, sur des enjeux qui nous attendent à l’avenir."

Les syndicats restent sur leur garde

Cependant, même si cette fusion est positive pour la pérennité du groupe, elle ne doit pas pénaliser les sites français de PSA, dont fait partie l’usine de la Janais à Rennes. Le syndicat reste donc prudent et vigilent, d’autant que la direction ne donne aucune visibilité aux salariés depuis plus d’1 an en matière de projets de fabrication de véhicules.

Écouter le podcast
"C’est sûr que nous, la CFDT nous sommes inquiets de voir ce silence de la direction, elle nous rassure tant bien que mal en nous disant qu’il faut attendre la fin de la crise Covid. Ceci étant, le fait qu’il y ait cette fusion avec FCA accentue encore un peu plus notre inquiétude parce qu’on sait que leur taux d’utilisation des sites est à peu près à 45% en moyenne. Comparativement à ceux de PSA, nous sommes à plein régime. Forcément, on pourrait se demander ce qu’on va devenir."

Une synergie qui aura un impact sur la production

Avec cette nouvelle synergie, le pire scénario serait donc de voir des sites fermer. Mais après la crise sanitaire et les différents soutiens apportés à la filière automobile, le contexte risque de se tendre…

Écouter le podcast
"Là où les cartes peuvent se jouer, c’est d’un point de vue des gouvernements entre les 2 pays… On sait que le gouvernement italien a prêté de l’argent à PCA, l’équivalent de notre PEG, et qu’il n’acceptera pas de coupes franches en Italie. De la même manière, la France a également aidé PSA en difficulté et le fait que PSA aille mieux maintenant ne doit certainement pas dédouaner PSA de toujours garantir un fort niveau d’activité en France. L’Etat et PSA ont un devoir face au contribuable français de maintien des emplois et d’accroissement des volumes d’activité, tant en production qu’en R&D."

A Rennes, on craint de devoir faire de nouveaux efforts

Les salariés sont aujourd’hui impatients de connaître les projets de ce nouveau groupe, et d’en savoir plus concernant la répartition de la production entre les différents sites. Les salariés de PSA ont déjà dû fournir de nombreux efforts ces dernières années pour gagner en compétitivité, pas certains qu’ils soient prêts à en consentir de nouveaux.

Écouter le podcast
"Tous les sites de PSA ont accepté des remises en cause de certains de leurs acquis, encore plus à Rennes, rappelez-vous en 2016 où on a eu un double accord de compétitivité. Aujourd’hui, les salariés, on ne pourra pas leur demander de poursuivre sans qu’il y ait de garanties et sans une gestion équitable chez FCA. Et c’est ce volet social et éthique qui permettra de dire dans quelques années si la fusion est une réussite ou pas."

Le rapprochement des 2 groupes devrait être finalisé le 16 janvier prochain. Ensuite, le syndicat demandera une réunion extraordinaire à la direction afin d’obtenir, enfin, de la visibilité sur la production et les emplois.