A Nantes, les travaux démarrent dans la cathédrale incendiée

11 janvier 2021 à 10h09 - Modifié : 13 octobre 2021 à 10h35 par Emilie PLANTARD

HIT WEST
Un barnum a été installé sur le parvis pour stocker les bancs de la cathédrale
Crédit : @Hit West

Depuis l'incendie de la cathédrale de Nantes en juillet dernier, les spécialistes se sont succédé au chevet de l'édifice pour évaluer les travaux nécessaires. Un premier chantier de déblaiement vient de démarrer ce début janvier, sous la direction de la DRAC des Pays-de-la-Loire.

Le violent incendie avait surpris les nantais à l’aube du 18 juillet dernier, détruisant le grand orgue situé derrière la rosace de la cathédrale. Depuis, rien n’a beaucoup bougé à l’intérieur de l’édifice. Plusieurs zones sont toujours sous scellé judiciaire et la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays-de-la-Loire, maître d’ouvrage du chantier de réhabilitation, s’est surtout concentrée sur la sécurisation du site. Clémentine Mathurin est conservatrice des monuments historiques à la DRAC, elle évalue le travail déjà effectuée :

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"Très rapidement après l’incendie, on a lancé tout ce qui est diagnostic et constat d’état qui nous permettent de bien connaître les dégâts qui a eu dans la cathédrale. Assez vite a émergé la problématique d’une pollution au plomb, du fait de la combustion des tuyaux d’orgue, c’est le sujet qui nous occupe principalement depuis la rentrée de septembre, puisqu’elle nécessite un certain nombre de dispositifs pour protéger les personnes qui rentrent dans la cathédrale et après on réfléchit à la manière dont on va dépolluer l’intérieur de la cathédrale."

Un déblaiement minutieux

Début janvier, un premier chantier a démarré, celui du déblaiement de la tribune de l’orgue. Une étape cruciale qui doit s’étaler sur quelques semaines et qui ne se résume pas à de simples travaux de nettoyage. Au-delà de la conservation du patrimoine, même abîmé, ces fragments peuvent également apporter des informations capitales quant à l’incendie et la température qu’a subi la structure de la cathédrale. La manœuvre sera donc particulièrement minutieuse

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"Comme dans tout incendie, il y a un amas de débris qui s’est accumulé sur la tribune et qu’il nous faut maintenant descendre au sol et trier, parce qu’il n’est pas impossible qu’on puisse trouver des choses intéressantes. Des morceaux de sculpture, peut-être des petits morceaux de vitraux, assez anecdotiques par rapport au patrimoine qu’on a perdu. Cette opération est très délicate parce qu’on doit faire attention à la façon dont on dépose, pour ne perdre aucune information et aucun morceau qui pourrait être intéressant de conserver."

DRAC 44.JPG (2.04 MB)Clémentine Mathurin est conservatrice des monuments historiques pour la DRAC des PDL

Un chantier suspendu...

Une entreprise spécialisée est à la manœuvre depuis déjà plusieurs jours. Il faut rappeler que l’orgue en grande partie détruit par les flammes, construit au XVII siècle et classé monument historique, est suspendu à plusieurs mètres de hauteur, sur une tribune. La manœuvre sera délicate…

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"On voit quand même qu’il y a de petits morceaux de sculpture en bois qui sont conservés, donc ces éléments-là c’est intéressant de les garder pour la mémoire de l’instrument disparu, mais aussi peut-être pour une mise en valeur future dans la cathédrale. C’est pour ça que c’est une opération complexe techniquement, parce qu’il faut descendre ces débris qui peuvent être très grands, ça nécessite des installations de chantier importantes, et qui est complexe aussi parce que c’est pollué au plomb, et que quand on va manipuler, le plomb va se remettre en suspension et les conditions d’accès seront encore plus difficiles qu’aujourd’hui."

Suivra une importante dépollution

Chaque fragment sera donc trié et analysé, par les services de la DRAC mais aussi par les enquêteurs si besoin. L’opération devrait coûter autour de 500.000 euros et son achèvement permettra de démarrer de nouvelles phases de travaux.

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"Ce qui a été réalisé un peu dans l’urgence, c’est également le dépoussiérage des marbres de la cathédrale puisqu’il y a beaucoup de dépôt sur les objets donc pour ne pas tâcher les marbres il fallait aspirer rapidement et ça a été fait avant les vacances de Noël. Et dans les prochaines semaines, il va y avoir une phase où on va affiner les diagnostics, et puis on pourra commencer à projeter les travaux et les interventions. Mais la phase qui va suivre le déblaiement c’est vraiment la dépollution de la cathédrale, des sols, ce qui va faciliter l’entrée des engins si on a besoin d’examiner des parties de la cathédrale et l’accès des entreprises et du personnel de la DRAC."

La cathédrale toujours fermée au public

Sur le parvis de la cathédrale, un barnum accueille provisoirement la centaine de bancs ainsi que du mobilier de l’édifice, afin de laisser la place aux engins de chantier. Les travaux devraient encore durer de longs mois, impossible de déterminer encore à quel moment la cathédrale pourra retrouver ses fidèles…

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"Il n’y a plus du tout d’électricité dans la cathédrale donc c’est impossible pour des questions de sécurité des personnes de faire rentrer des gens tant qu’il n’y a pas d’électricité. Donc là on est encore en train de voir l’ampleur des dégâts dans le système électrique et après il faudra tout remettre à niveau. C’est vrai que de l’extérieur c’est difficilement perceptible parce qu’on voit que la baie est endommagée mais il y a des dommages qui ne se voient pas et notamment ceux du système électrique, et c’est fondamental pour la réouverture, ainsi que la dépollution."

Environ 800.000 euros ont déjà été financés par la DRAC pour diagnostiquer, nettoyer et sécuriser l'intérieur de la cathédrale.