Les fondeurs toujours mobilisés à Caudan

18 mai 2021 à 9h15 - Modifié : 12 octobre 2021 à 15h41 par Dolorès CHARLES

Fonderie de Bretagne
Fonderie de Bretagne
Crédit : Yann Launay-Hit West

La grogne continue à la Fonderie de Bretagne : les grévistes devaient rencontrer le sous-préfet, hier (lundi) pour obtenir de nouvelles informations sur l'avenir de l'usine, mais le convoi a été stoppé par les forces de l'ordre. Ambiance...

La situation s'est tendue hier (lundi) à la Fonderie de Bretagne, près de Lorient. Les grévistes devaient pourtant rencontrer le sous-préfet pour obtenir de nouvelles informations sur l'avenir de l'usine Renault. Une réunion promise dimanche soir par le sous-préfet, en échange du bon déroulement du match de Ligue 1 Lorient-Metz. Mais le convoi des fondeurs, qui prenait le chemin de la sous-préfecture, a été stoppé par les forces de l'ordre, avant d'atteindre le centre-ville. D'où l'incompréhension des grévistes, comme l'explique Maël Le Goff, représentant du personnel, face au cordon de CRS :

"Les salariés se sont fait gazer à peine arrivés là. Ils ne voulaient pas que les engins entrent sur Lorient ? Le sous-préfet n'avait qu'à m'appeler pour me prévenir. Ce que je comprends, c'est que Renault ne veut pas changer l'ordre du jour. Donc le sous-préfet, qu'est-ce qu'il a à nous dire cet après-midi ? Pas grand chose, je pense... Nous, on rentre à la taule, on barricade, et on fait en sorte que cela se passe de façon un peu plus hardcore."

Maël Le Goff, représentant du personnel
Maël Le Goff, représentant du personnel
Crédit : Yann Launay-Hit West

Ils dénoncent un piège

Selon les grévistes, rien ne laissait présager cet accueil par les forces de l'ordre : les employés de la fonderie comme Eric dénoncent un piège et une trahison :

"On a eu un faux espoir hier soir, le sous-préfet nous disait les yeux dans les yeux : "je pense à vous, je pense à vos familles", et là il nous plante un couteau dans le dos... Il va falloir qu'il gère la colère des salarié, c'est le dégoût !"

Eric - Fonderie
Eric - Fonderie
Crédit : Yann Launay-Hit West

Blocage des entrées du site

La réunion en sous-préfecture n'a évidemment pas eu lieu, les grévistes sont rentrés à la fonderie où ils ont commencé à bloquer les entrées du site avec des caisses de pièces auto, comme l'explique Nicolas Guillemette, délégué CGT :

"Plus aucun véhicule ne rentrera dans l'usine, on ferme la boîte... Ce que l'on redoute, c'est que les CRS viennent pour nous déloger de notre entreprise. On n'a plus grand chose à perdre : s'ils avaient dû, ou eu envie de faire avancer les choses, ce serait déjà fait, pas à 24h d'un rendez-vous crucial sur l'avenir de l'entreprise.

Nicolas Guillemette, délégué CGT
Nicolas Guillemette, délégué CGT
Crédit : Yann Launay-Hit West

Ce rendez-vous est une réunion de médiation, une rencontre avec des responsables de Renault demain (mercredi), à Rennes. Mais le groupe automobile, qui veut se séparer de l'usine, et les grévistes, ne sont pas sur la même longueur d'onde : les 350 employés de la fonderie veulent rester dans le giron du groupe Renault, et ne veulent pas entendre parler de repreneur :

"Qui peut reprendre hormis un constructeur automobile, qui a les reins assez solides ? On a déjà vu des repreneurs qui reprennent pour pas grand chose une entreprise, qui en profitent pour prendre les aides de l'Etat au passage, et qui partent avec la caisse au bout de 2 ou 3 ans. La Fonderie du Poitou en paie les frais aujourd'hui."

Nicolas Guillemette, délégué CGT
Nicolas Guillemette, délégué CGT
Crédit : Yann Launay-Hit West

De son côté, le groupe Renault demande la reprise du travail, pour préserver le potentiel de l'usine et séduire un potentiel repreneur. Les grévistes, eux, envisagent de nouvelles actions dans les heures et les jours qui viennent. Une réunion de médiation est prévue à Rennes, à la préfecture de région, ce mercredi, en présence de responsables du groupe Renault, mais les grévistes attendent un changement de l'ordre du jour de cette réunion, qui se présentait comme une "réunion d'échanges sur les conditions de redémarrage de l'activité de la Fonderie de Bretagne".