Des militants mobilisés contre l'extension de carrières dans le pays de Retz

20 juin 2021 à 20h18 par Dolorès CHARLES

Carrière de Sable
Crédit : Pixabay

Alors qu'à Saint-Colomban & Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, les industriels du sable Lafarge et GSM grignotent du terrain, les militants réunis au sein de l'association "La tête dans le sable" veulent stopper l'extension des carrières. Ce sable extrait des carrières est consommé par le secteur de la construction pour fabriquer du ciment, et par l'agriculture industrielle très présente en Pays de Retz et bords de Loire. Des actions de blocage sont prévus tôt ce lundi.

Deux projets d'extension de deux carrières de sable sont envisagés du côté de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu & Saint-Colomban au sud de Nantes. Les carrières sont gérées par le cimentier et constructeur Lafarge et par la société d'extraction GSM sur une surface totale de 115 hectares. Le sable extrait de deux carrières est consommé par le secteur de la construction et par l'agriculture industrielle très présente en Pays de Retz et bords de Loire (tomates, mâche ou muguet).

Le fonctionnement de cette extraction

Après un week-end de mobilisation (marche de contestation, discussions sur les modes de production agricole & concerts), des actions de blocage sont prévues ce lundi dès 6 heures. Ecoutez Sylvain à la tête du collectif appelé "La Tête dans le sable" :

"On creuse jusqu'à 15, 20 mètres pour extraire du sable, qui a été déposé par le fleuve il y a 150 millions d'années, on fait des gros trous, on met la nappe à ciel ouvert. Ensuite on extrait le sable qui sera ensuite distribué, un tiers pour le maraîchage industriel très présent dans le secteur et qui se développe énormément, et au deux tiers pour les travaux publics et le bâtiment."

Sylvain à la tête du Collectif "La Tête dans le sable"
Crédit : Cédric Mané

Deux domaines

Le sable est un élément essentiel pour fabriquer du béton dans le bâtiment et les travaux publics, et pour la filière du maraîchage industriel, afin d'alléger les sols, au profit d'une production agricole industrielle qui s'étend de plus en plus dans le sud Loire :

"On est sur un territoire où la situation de l'élevage est compliquée, et là c'est fortement accentué par la pression des maraîchers industriels très proches de Nantes, sur un secteur où on a du sable à proximité qui sert pour l'industrialisation des cultures. C'est un secteur où il y a de l'eau aussi, avec la nappe de Grand-Lieu. Ils reprennent les exploitations agricoles qui sont en difficulté, et ils ont des pouvoirs financiers donc une pression foncière, beaucoup plus importante que un jeune qui voudrait reprendre une exploitation".

Sylvain à la tête du Collectif "La Tête dans le sable"
Crédit : Cédric Mané

L'eau en question

Le système d'extraction est une grosse consommatrice d'eau, dans un secteur qui en manque déjà puisque les préfectures de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire ont déjà annoncé des restrictions de consommation d'eau et que les niveaux sont bas.

"Il y a un impact sur la nappe phréatique évident, avec des études hydro géologiques qui prouvent qu'il y a une baisse de 50 centimètres à un mètre d'eau. Les riverains et les exploitations agricoles le constatent très concrètement, avec des terres qui étaient autrefois humides et une végétation qui leur servait aussi pour leur exploitation. Maintenant les prairies s'assèchent, des arbres aussi, c'est de l'eau qui s'en va vers des maraîchers industriels qui sont un très gros consommateur d'eau. donc on a une très grosse pression aujourd'hui avec ces activités sur la nappes phréatique de Grand-Lieu."

Sylvain à la tête du Collectif "La Tête dans le sable"
Crédit : Cédric Mané

Contactées par Hit West, les sociétés GSM et Lafarge n'ont pas répondu à nos demandes d'interview. A noter que les gravats du futur ex CHU de Nantes seront apportés sur le site pour y être revalorisés sous forme de sable.

Quant au président de la Fédération des maraîchers nantais, Philippe Retière, il estime que la consommation de sable existe depuis 500 ans, qu'elle est plutôt en baisse malgré l'extension des exploitations, et que le gros consommateur de sable reste le bâtiment.