Recherches en cours pour retrouver la Cordelière et le Régent, qui ont sombré au large de Brest

5 juillet 2018 à 6h20 par Dolorès CHARLES

C'est pour retrouver deux épaves qu'une campagne de recherche a récemment démarré, dans la rade de Brest. Reportage de Yann Launay.

HIT WEST
Crédit : Yann Launay

C'était le fleuron de la flotte d'Anne de Bretagne : la Cordelière a sombré près de Brest le 10 août 1512, en même temps que le Regent, le navire amiral de la flotte anglaise qu'il combattait. C'est pour retrouver les deux épaves qu'une campagne de recherche a démarré, dans la rade de Brest : le navire du DRASSM (Département des recherches archéologiques sous-marines) sillonne une zone de 25 km2, en scrutant à chaque passage une bande de 1.700m de long pour 5mde large. Le navire du DRASSM, l'André Malraux, est équipé de multiples moyens de détection très pointus. Petit aperçu des techniques utilisées à bord, avec la Nantaise Marine Sadania, archéologue au DRASSM.

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"On a un magnétomètre, qui va détecter des masses métalliques, comme par exemple des ancres, des canons, des boulets... On a un sonar à balayage latéral : lui envoie des ondes acoustiques vers le sol et nous donne une image des fonds marins. On a aussi un petit catamaran équipé d’un pénétrateur à sédiments : il va nous dire ce qui se trouve sous le sable..."

Yann Launay

Les données collectées par les différentes sondes utilisées s’affichent en temps réel sur les écrans de contrôle, à bord de l’André Malraux, sous l’œil attentif de Josua Bac, hydrographe de l’équipe, interrogé par Yann Launay.

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"Par exemple, on a pu voir une ancre : on a l'image en face de nous : une ancre qui fait à peu près 3,80m de long. Une cible potentielle intéressante, puisqu'on voit qu'il y a des débris autour, il va falloir comparer ces données avec les données magnétiques, avec les données du profiler de sédiments, pour voir s'il y a une grosse masse enfouie à quelques mètres sous le sol (...) on est sur quelque chose qui peut potentiellement être une épave."

D'anciennes recherches sans succès

Des recherches avaient déjà été entreprises, il y a une vingtaine d’années, sans succès. Mais cette fois, l’enquête pour déterminer la zone possible du naufrage a été reprise de zéro, pour ne négliger aucun paramètre, comme l’explique Michel L’Hour, directeur du DRASSM :

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"On a sélectionné une zone de haute prédilection en partant des archives qui commentent les conditions météo de l'époque, au moment de la bataille navale. On a aussi pris des éléments d'information sur les courants, l'heure des marées au moment de la bataille, c'est comme cela que l'on a réduit la zone de probabilité..."

La Cordelière et le Regent étaient en flamme, avant de sombrer dans une zone soumise à de forts courants. Alors que peut-on espérer retrouver 500 ans après ? La réponse de Michel L’Hour au micro de Yann Launay.

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"Un amoncellement de carènes, d'éléments détruits de mâture, etc, de tout ce qui était à bord qui servait à la manoeuvre, de tout ce qu'on utilisait à bord pour vivre : par exemple la vaisselle de bois, une fois le bois immergé, il se stabilise, et si le sédiment marin l'a couvert, il peut en rester des témoignages extrêmement bien conservés."

Yann Launay

Et bientôt d'autres campagnes menées...

Cette première campagne de prospection va se poursuivre jusqu'au 13 juillet. D'autres campagnes sont déjà programmées sur les deux ans à venir.
La Région Bretagne, qui co-finance les opérations, lance une campagne de crowdfundig : pendant deux mois, vous pouvez apporter votre contribution, même modeste, aux opérations de recherche de la Cordelière. Une campagne mise en place via la plateforme Kengo.

Par ailleurs, vous pouvez désormais suivre l'actualité de ces recherches sur un site dédié, qui vient d'être mis en ligne : www.lacordeliere.bzh