L’ Ex-école des Beaux-Arts de de Nantes évacuée

19 novembre 2017 à 18h56 par Dolorès CHARLES / Mathieu Lopinot

Squattée par des soutiens aux migrants, l'ancienne école des Beaux-Arts de Nantes évacuée par des CRS, hier à Nantes.

HIT WEST
Crédit : Hit West

L’ex école des Beaux-Arts de Nantes évacuée par des CRS, hier après-midi. Le quartier Decré était bouclé pour permettre l’opération. La veille, des soutiens aux migrants avaient décidé d’occuper cette ancienne école, pour alerter les élus de la situation des mineurs étrangers. L’évacuation demandée par la mairie, propriétaire des bâtiments, s’est faite en urgence. L'établissement est désormais muré, pour que ce genre de squat ne se reproduise pas.

Pour la Ville, « ce site n’a absolument pas vocation à héberger des personnes sans abri, puisqu’il n’est ni adapté ni sécurisé pour cela. » En réponse à la situation, la ville a débloqué 10 logements pour accueillir ces jeunes migrants.

Le communiqué du collectif de soutien aux migrants :

" (...) Ces 20 dernières années, combien de squats de personnes expatriées ont été expulsés ? Combien de foyer tellement précaires ont été détruits ? Depuis combien d’années les autorités françaises s’acharnent à maintenir dans la détresse des personnes qui essayent de sauver leur vie, tentant d’éviter les violences, les arrestations, le fichage, les Centres de Rétention Administrative puis les déportations vers les régimes qu’ils et elles fuient ? Les personnes expatriées dorment actuellement à même la rue et sont constamment traquées par les forces de l’ordre. Après les avoir persécutées on prétend les assigner dans des « centres de répits »
en attendant de traiter leur cas. Derrière cela, c’est la montée du racisme et des totalitarismes qui s’exprime par une politique d’extrême droite menée par les politicien-ne-s au pouvoir en Europe. Quelle crédibilité peut-on alors encore accorder à l’état français en matière d’accueil ?

Face à l’urgence, il faut chercher des solutions concrètes, pour que chacun.e puisse vivre correctement partout, circuler librement et
apprendre à vivre les un-e-s avec les autres. Ces principes doivent être pratiqués et revendiqués pour éviter que la «communauté » européenne, en réalité très individualisée par le mode de vie capitaliste, ne sombre encore plus dans le mépris, la peur, la haine, la xénophobie ou l’indifférence complice. Quand l’état français mène des traitements inhumains envers les personnes exilées et ne répond pas aux impératifs de cette situation d’urgence, nous ne pouvons l’attendre et nous souhaitons, par conséquent, proposer un foyer commun.

Aussi, il faut faire les démarches pour que chaque personne expatrié-e en âge d’être scolarisé-e, qui suivait des études dans son pays ou qui a besoin de cours de langues et de formations, ait accès à ces droits.
Dans plusieurs villes en france, un certain nombre de personnes soutenues par des collectifs ont ainsi pu s’inscrire dans un cursus
scolaire ou universitaire. Les “Univers-cité” ont l’intention d’aller au delà de ces apprentissages qui ont pour objet de s’intégrer au système économique et social actuel, c’est l’idée de se rencontrer pour penser ensemble comment faire évoluer nos Univers. En accueillant des personnes venues d’autres horizons on découvre que l’énergie réside dans le partage et la solidarité. Il est temps d’appliquer enfin réellement à tous les êtres humains les vieux principes de « Liberté, Égalité, Fraternité » qui trônent sur les frontons des écoles de ce pays. Nous lançons donc les “Univers-cité” car nous souhaitons rassembler nos énergies en créant des lieux de vie. « Univers-cité », c'est l'envie de réunir des personnes et leurs envies dans un même lieu, pour se le réapproprier et le faire vivre, et nous faire vivre : d’échange, d’apprentissage mutuel et d’activités autogérées ; communément par des jeunes en demande d’asile et des étudiant-e-s.

Nous entendons amener l’état à reconnaître la situation d’urgence mondiale. Ce dernier doit assumer des programmes d’accueil, qui
permettent aux personnes sans papiers de choisir elles mêmes l’avenir qu’elles veulent construire et plus largement, il doit participer à trouver des solutions à cette crise planétaire. En attendant nous ne pouvons rester les bras croisés. Il faut sortir des logiques figées, imposées aux populations par la toute puissance financière et ses négociants. Pour cela, nous voulons poser les bases d'un avenir multi-culturel à imaginer en commun. Nous revendiquons des univers ouverts pour y projeter collectivement nos visions d'un monde vivable et pour le concrétiser ensemble."

La mobilisation de la LDH

La Ligue des Droits de l’Homme appelle à la mobilisation en ce 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant… pour dénoncer les graves atteintes portées à leurs droits fondamentaux. Dans chaque département, selon la LDH, des enfants et adolescents sont laissés sans protection, sous prétexte d’un manque de moyens, en dépit des obligations qui pèsent sur les conseils départementaux en matière de protection de l’enfance.

En Loire-Atlantique, le Département se défend, et rappelle dans un communiqué « qu’il respecte ses obligations en matière de mise à l’abri des jeunes migrants ».

"Suite à l’évacuation du squat de l’ex-école des Beaux-arts de Nantes et à certaines affirmations erronées des collectifs de soutien aux migrants, le Département tient à rappeler qu’il respecte ses obligations en matière de mise à l’abri des jeunes migrants.
Aujourd’hui en Loire-Atlantique, il n’y a pas de jeunes migrants dont l’âge est en cours d’évaluation ou évalués mineurs qui soient à la rue."

A Segré, le rassemblement mensuel du collectif segréen pour la libre circulation des personnes a réuni une cinquantaine de personnes, ce week-end place de la République. Une souscription de soutien aux demandeurs d'asile déboutés a été lancée. 1 000 tickets en vente, à 5 € l'unité.