Emmanuel Barbe défend le passage à 80 km/h

28 mars 2018 à 5h10 par Katell LAGRE / Dolorès CHARLES

Le délégué interministériel à la Sécurité routière Emmanuel Barbe poursuit son Tour de France. Après Nantes et La Roche-sur-Yon, le Mr Sécurité Routière du gouvernement était hier à Quimper pour défendre l'abaissement à 80 km/h, auprès des élus et des conducteurs, notamment de deux-roues.

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Crédit : Crédit photo, département de la Vendée (twitter)

Alors que la fronde se poursuit contre le passage à 80km/h des routes secondaires, le délégué interministériel à la sécurité routière était dans le Finistère, ce mardi, pour défendre cette décision du gouvernement, et l'ensemble des mesures annoncées en janvier. Pour Emmanuel Barbe, trop de mauvaise foi s'est invitée dans le débat : l'expérimentation montre qu'abaisser la vitesse autorisée à 80 km/h allongera les trajets de quelques dizaines de secondes, ou tout au plus de quelques minutes. Emmanuel Barbe a tenu à répondre aux élus qui accusent le gouvernement de pénaliser le monde rural.

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"Ce qui est une pénalisation du monde rural, c'est que c'est vraiment là où l'on meurt le plus sur les routes : un urbain a 2,7 fois moins de risque d'être tué sur une route qu'un rural... Donc c'est un faux procès de dire que cela pénalise la ruralité. Epargner 300 à 400 vies par an, c'est considérable. C'est une mesure de rupture, c'est comme cela qu'elle est vécue, mais je suis persuadé que lorsqu'on y sera habitués, dans quelques mois ou dans un an, on se rendra compte qu'en réalité, c'est plus confortable de conduire à 80, c'est moins stressant. L'expérimentation a prouvé que cela diminuait "l'effet de peloton" : les véhicules se suivent de moins près, cela donne plus de sécurité, plus de temps de freinage, moins de stress.."

L'abaissement à 80 Km/h de la limitation de vitesse est maintenue au 1er juillet sur l'ensemble des routes secondaires sans séparateur de voie. Mais des élus demandent une étude au cas par cas, pour maintenir certaines routes ou certains tronçons à 90 km/h : un non sens pour Emmanuel Barbe.

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"Les routes dont on pense qu'elles pourraient rester à 90 parce qu'elles sont très roulantes, parce qu'elles sont belles, en réalité les statistiques montrent que ce sont les routes sur lesquelles il y a le plus d'accidents mortels... donc prendre cette décision en excluant les routes sur lesquelles il y a le plus d'accidents, vous conviendrez que cela serait assez aberrant..."

En Vendée, les élus ont adopté une motion dénonçant cette mesure, pour l’heure maintenue au 1er juillet sur l'ensemble des routes secondaires sans séparateur de voie. Une manifestation nationale aura lieu le 14 avril. Un défilé est d'ores et déjà annoncé à Nantes.

Emmanuel Barbe a pu aussi faire le point dans le Finistère sur l'expérimentation du nouveau dispositif d'éthylotest anti-démarrage. Le département breton est l'un des 4 départements de France à le tester : depuis décembre dernier, les médecins agréés peuvent donner un avis pour qu'un permis suspendu puisse être restitué à condition qu'un système anti-démarrage soit installé sur le véhicule du conducteur :

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"Il y a déjà eu 12 EAD - ethylotests anti démarrage qui ont été prescrits, il faut voir si les personnes vont faire le choix de l'acheter et de le poser, parce que souvent il y a une "perte en ligne", c'est ce que l'on constate dans d'autres pays. Mais nous allons lancer une mesure beaucoup plus incitative : quiconque se verra retirer le permis parce qu'il a commis un délit d'alcoolémie pourra se voir (si son alcoolémie n'est pas excessive) délivrer un arrêté qui lui interdira de conduire sauf s'il a posé un EAD. Donc le but ici c'est de tenir compte des conséquences d'un retrait de permis pour quelqu'un qui travaille, spécialement d'ailleurs, je le souligne sans faire d'ironie, dans les zones rurales.."

Un reportage de Yann Launay.