Bugs du site ANTS : témoignage d'un négociant en automobile

30 novembre 2017 à 5h26 par Dolorès CHARLES

Après les auto-écoles, la fronde contre les bugs du site ANTS gagne les concessionnaires et revendeurs de voitures.

HIT WEST
Crédit : site ANTS

Il est en place dans toute la France depuis début novembre, et il est loin de faire l’unanimité : le site ANTS, l’agence nationale des titres sécurisés, qui remplace les guichetiers des préfectures pour les démarches liées à l’inscription au permis de conduire ou à l’immatriculation des véhicules. Mi-novembre, une patronne d’auto école lorientaise lançait une pétition contre ce système, qui, à cause de ses nombreux dysfonctionnements, ne permet plus d’enregistrer les élèves pour le permis. La fronde monte également chez les concessionnaires et revendeurs de voitures, notamment celles qui ont été transformées ou importées de l’étranger. Les professionnels agrées, qui peuvent prendre en charge les démarches d’immatriculation de ces véhicules, sont pénalisés par les bugs du site. Ecoutez le témoignage de ce négociant en automobile de l’Ouest, avec Charlotte David.

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« Le système n’est pas opérationnel du tout : pour les véhicules importés, il faut entre cinq et dix pièces justificatives par dossier, qu’il faut saisir pièce par pièce. Et on reçoit un mail de confirmation par dossier : hier matin, nous avions la bagatelle de 1729 mails différents, émanant du service de l’ANTS. Pour l’instant, depuis le début du mois, on a eu une seule carte grise sur une centaine de dossiers que nous avons passés. C’est du grand n’importe quoi ».

Les professionnels s’inquiètent des conséquences pour leur activité : parce qu’ils ne peuvent pas donner de date pour l’immatriculation définitive des véhicules, certains clients refusent d’aller au bout de la vente.

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« Là, j’ai trois voitures : le client refuse de les prendre tant qu’il n’a pas ses cartes grises. Les clients, dans la mesure où on n’est pas capable de leur dire quand ils auront leur carte grise, ne sont pas rassurés de rouler avec une voiture qui serait en infraction, puisqu’ils seront en infraction d’immatriculation : ils peuvent se faire arrêter et immobiliser la voiture. Donc ils ne veulent pas prendre la voiture, donc le concessionnaire ou le négociant ne peut pas être payé. Si les voitures sont vendues mais pas payées, la trésorerie de l’entreprise bloquera ».

Pour le ministère de l’Intérieur, la dématérialisation des procédures « fonctionne bien dans une grande majorité de cas », mais « comme dans la mise en place de tout nouveau système d'information, certaines difficultés techniques, affectant un nombre limité d'opérations, sont apparues lors de la généralisation. Les services du ministère et l'ANTS œuvrent conjointement pour y remédier, dans le cadre d'un processus d'amélioration continue de l'outil informatique. »