A la recherche de 2 navires mythiques au large de Brest !

6 mars 2018 à 18h27 par La rédaction

Le Département des recherches archéologiques sous-marines et la Région Bretagne vont lancer une campagne pour tenter de localiser l'épave de la Marie Cordelière, un vaisseau construit sur ordre de la duchesse Anne de Bretagne, et l'épave du Regent, fleuron de la flotte d'Henri VIII. Les deux bateaux ont coulé ensemble, le 10 août 1512, au cours d'une bataille navale qui les opposait.

HIT WEST
Retrouver deux navires mythiques qui ont sombré il y a 500 ans au large de Brest : c'est l'objectif d'une campagne lancée par le DRASSM, Département des recherches archéologiques sous-marines et la Région Bretagne. Il s'agit de localiser l'épave de la Marie Cordelière, un vaisseau construit sur ordre de la duchesse Anne de Bretagne, et l'épave du Regent, fleuron de la flotte d'Henri VIII. Les deux bateaux ont coulé ensemble, le 10 août 1512, au cours d'une bataille navale qui opposait flotte anglaise et flotte franco-bretonne.
 
En juin prochain va démarrer une première campagne de prospection : le navire scientifique du DRASSM, l'André-Malraux, va scruter une zone de 30km2, près de l'entrée du goulet de Brest. Des moyens techniques de pointe seront mobilisés, à la hauteur de l'enjeu scientifique et historique, comme le souligne l'archéologue Michel L'Hour, directeur du DRASSM :
 
"Le naufrage de la Cordelière et du Regent se situe à une période essentielle de l'histoire de la Bretagne : la fin de l'indépendance. La Bretagne a encore une flotte extrêmement puissante, et la Cordelière est le plus gros navire de la flotte bretonne de l'époque, et le Regent est le plus gros navire de la flotte d'Henri VIII. Donc on a là deux témoins, deux musées maritimes essentiels de l'histoire de la fin du Moyen Age et du début de l'époque moderne qui se trouvent sous la mer, donc cela mériterait qu'on les retrouve.."
 
 
Même si le naufrage remonte à 1412, même si les navires ont partiellement brûlé avant de sombrer dans une zone à forts courants, pour Michel L'Hour, l'espoir est grand de découvrir un grand nombre d'objets si les épaves sont localisées :
"Sur des bateaux comme cela, on peut imaginer, il y avait 1000 ou 1500 personnes qui vivaient et qui combattaient, donc ils avaient leurs équipements, les objets de la vie à bord, ce qu'ils transportaient avec eux : des milliers d'objets qui sont arrivés simultanément sur le fond. Honnêtement, la trace qui doit rester de ces épaves doit être extrêmement conséquente et méritera très certainement d'être étudiée."
Des recherches avaient déjà été menées dans le passé pour retrouver ces 2 épaves, mais sans succès. Cette fois, une vaste enquête a été lancée en France, en Angleterre, en Italie, pour retrouver des indices, des témoignages anciens qui pourraient donner des indications sur le lieu exact du naufrage. L'étude des conditions météo de ce 10 août 1512 a déjà permi de circonscrire une zone de 30 Km2 devant le goulet de Brest, une zone que l'André-Malraux va silloner cet été :
"Le navire André Malraux dispose d'un certain nombre de systèmes de détection : un sonar multifaisceaux, qui envoie un train d'ondes vers le fond, les ondes remontent, et cela dessine le fond de la mer. Avec ce sonar sont couplés d'autres moyens comme des magnétomètres : un certain nombre de canons en fer, par exemple, vont créer une anomalie du champs magnétique, que nous allons détecter. A partir de là, on réalisera un certain nombre de plongées d'expertise pour vérifier si ces anomalies ont un lien ou pas avec le Regent et la Cordelière.."
 
Des scientifiques des universités de l'Ouest, en particulier l'UBS de Lorient, des ingénieurs, des cartographes, des roboticiens, ont commencé à travailler ensemble, avec des moyens pointus, pour que les épaves puissent être enfin découvertes. Mais Michel L'Hour lance aussi un appel à témoins auprès du grand public : pour l'archéologue, la clé de l'énigme se trouve peut être dans un grenier ou dans les souvenirs de quelqu'un de bien vivant :
 
"Je suis convaincu que potentiellement quelqu'un, quelqu'un qui vit sur cette côte, qui est pêcheur, quelqu'un qui a plongé dans la région, peut très bien avoir aperçu, ou récupéré à bord, un objet, sans s'interroger plus que ça..  Si on lui dit : attention, dans la zone où tu as trouvé ça, il y a deux épaves essentielles pour l'Histoire, peut-être qu'il fera le lien. Je suis presque persuadé que dans cette zone qui a été beaucoup plongée quelqu'un a pu trouver quelque chose.."
Une interview de Yann LAUNAY