Bretagne. La naissance d'un comité de survie des pêcheurs, pour contrer les ONG

26 mars 2024 à 8h31 - Modifié : 26 mars 2024 à 9h31 par Dolorès CHARLES

Nicolas Coguen et son bateau
Nicolas Coguen et son bateau
Crédit : Yann Launay

Après l'interdiction de naviguer dans le Golfe de Gascogne, les pêcheurs très remontés en Bretagne ont décidé de monter un comité de survie, pour se défendre face aux ONG telles que Sea Sheperd. Les explications du lorientais, Nicolas Coguen.

Ils restent marqués par la fermeture du Golfe de Gascogne et veulent tout faire pour éviter la nouvelle fermeture prévue à l'hiver prochain. En Bretagne, des pêcheurs veulent monter un "Comité de survie", pour mieux se défendre face à ce qu'ils voient comme des décisions injustes et infondées. Ce mois de fermeture avait été décidé par le Conseil d'Etat, à la demande de plusieurs ONG environnementales, pour préserver les dauphins des captures accidentelles. Des ONG qui aimeraient voir cette fermeture portée à 3 ou 4 mois l'an prochain (*).

Ce pêcheur de Lorient n'a jamais vu autant de dauphins

Mais pour les premiers membres du Comité de survie de la pêche, dans ce dossier rien n'est prouvé, et certaines études scientifiques, moins alarmistes sur l'état des populations de dauphins, seraient ignorées par les ONG. Un travers à réparer, pour Nicolas Coguen, patron du Drakkar, fileyeur lorientais rencontré par Yann Launay.

"On va rétablir la vérité, on aura des liens, des articles, et des vidéos faites par le CNRS, et des scientifiques américains parce que c'est pas qu'un problème français, c'est mondial. Le dauphin commun n'était pas ici sur nos côtes. Si le dauphin commun à changer d'endroit, c'est qu'il a peut-être pu trouver à manger dans son espace naturel et qui s'est rapproché des côtes françaises... J'en ai jamais vu autant : cet été, j'en voyais 200 par jour ! Je n'ai jamais vu ça de toute ma carrière. Jamais, jamais ! On a lu tous les rapports et l'État n'a pas fait son boulot parce que cela aurait pu être évité ! Les gens qui auraient dû faire le travail de nous défendre ne l'ont pas fait."

Nicolas Coguen, patron du Drakkar, fileyeur lorientais
Crédit : Yann Launay

Les élus locaux n'ont pas réagi sur ce dossier

Le lorientais Nicolas Coguen est l'un des initiateurs de ce "Comité de survie". Déçu par la discrétion des élus sur le dossier de la pêche, il leur lance un appel. "On ne voit pas les élus locaux, on ne sait même pas quelle position ils ont envers ce qui nous arrive... Soit ils ferment les yeux, soit je ne sais pas. J'aurais aimé qu'ils écoutent ce que l'on a à dire. J'aimerais qu'ils viennent me parler pour avoir leur sentiment. Ce n'est pas que les pêcheurs, cela engendre beaucoup de choses sur l'économie locale..."

Nicolas Coguen, patron du Drakkar, fileyeur lorientais
Crédit : Yann Launay
Les dorades débarquées du fileyeur
Les dorades débarquées du fileyeur
Crédit : Yann Launay

"Ces gens (les ONG) nous manipulent, ce ne sont pas des écolos mais des extrémistes"

Le Comité de survie ne se présente pas comme concurrent du Comité des pêches. Il se veut complémentaire, et souhaite des moyens d'action plus efficaces, comme par exemple s'entourer d'avocats spécialisés. "Il nous faut des avocats parce que les ONG sont bardées d'avocats, et ont beaucoup d'argent. Sans argent, on n'ira nulle part. Il va falloir un peu mettre la main à la poche pour se défendre et regarder les textes... On va les affronter, Sea Shepherd et compagnie, mais il n'y a pas d'arrangement possible. Ces gens nous manipulent, ce ne sont pas des écolos mais des extrémistes... On ne va pas détruire la nature, il faut des écolos, mais de vrais qui comprennent pourquoi on travaille... On n'est pas en train de tout dévaster."

Nicolas Coguen, patron du Drakkar, fileyeur lorientais
Crédit : Yann Launay

Pour Nicolas Coguen, l'expérience du mois dernier a montré qu'il ne fallait pas compter sur les compensations financières. Les aides de l'Etat se font attendre, et pour lui elles ne couvriront pas toutes les pertes. Une grande assemblée générale de lancement du Comité devrait se tenir à Lorient dans les semaines qui viennent.

Des données sur les échouages encore provisoires

(*) De son côté, depuis La Rochelle Pelagis vient de dresser un premier bilan de la fermeture de la pêche dans le Golfe de Gascogne. L'observatoire estime que cette fermeture n'a pas été inutile, mais souligne que les données sur les échouages sont encore provisoires, et souligne aussi qu'il est difficile de déterminer dans quelles proportions cette mesure a pu être utile pour la sauvegarde des petits cétacés.